Christian Estrosi déclare la guerre au surtourisme locatif
- Jean-Christophe DIMINO
- 10 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Dans une prise de parole plutôt ferme, Christian Estrosi, maire de Nice, annonce vouloir durcir encore davantage sa politique face à la multiplication des locations de courte durée dans sa ville. Objectif : endiguer l’exode des habitants et contenir la flambée des loyers qui gangrène le marché immobilier local.
Une situation devenue "intenable"
Avec environ 13 600 logements proposés en meublé touristique sur différentes plateformes en ligne, Nice est aujourd’hui la deuxième ville de France la plus touchée par le phénomène Airbnb, juste après Paris. Le constat est alarmant : des quartiers entiers, comme le Vieux-Nice ou le Port, voient leurs habitants remplacés peu à peu par un flot continu de touristes. Résultat : la population permanente diminue, les commerces de proximité ferment, et les loyers atteignent des sommets.
« Je ne laisserai pas les Niçois être empêchés de vivre à Nice ! », martèle le maire, qui fait de ce combat une priorité à un an des élections municipales.
Une boîte à outils législative élargie
L’adoption de la loi dite "anti-Airbnb" en novembre 2024 par le Parlement offre aux maires des leviers supplémentaires pour agir. Cette législation permet notamment aux communes de :
Fixer des quotas de meublés touristiques, quartier par quartier
Limiter la durée des autorisations temporaires
Renforcer les contrôles et sanctions en cas d’infraction
Christian Estrosi entend bien s’en servir à plein régime. Il vise une réduction de 50 % du nombre d’annonces de type Airbnb à Nice, rien de moins.
Vers un encadrement strict et ciblé
La Ville de Nice a déjà pris les devants :
En juillet 2024, le Conseil municipal a restreint les autorisations de changement d’usage à 12 mois non renouvelables automatiquement
En octobre 2023, un arrêté municipal a interdit l’installation de boîtes à clés sur le mobilier urbain, un geste symbolique mais significatif pour contrer la prolifération de ces locations
Et ce n’est que le début. Le maire envisage maintenant d’instaurer des quotas par quartier, afin de protéger les zones les plus impactées par la pression touristique, comme le Vieux-Nice, la colline du Château ou encore la rue Bonaparte. Le nouveau dispositif devrait entrer en vigueur à l'issue de la saison estivale 2025.

Un bras de fer avec Airbnb
Face à cette offensive, Airbnb n’a pas tardé à réagir. La plateforme a rappelé qu’en 2023, les locations touristiques ont généré plus de 4 millions d’euros de taxe de séjour pour la ville. Elle se dit prête à collaborer, mais plaide pour une régulation "équilibrée et proportionnée".
Un discours qui ne convainc guère le maire de la ville. Christian Estrosi assure qu'il ne s’agit pas d’interdire le tourisme, mais de rétablir une cohabitation saine entre visiteurs et résidents.
« Nous ne voulons pas que certains quartiers se transforment en dortoirs pour touristes »
Repenser le modèle touristique de la ville
Derrière cette politique restrictive, se dessine une stratégie plus large : celle d’un tourisme durable et maîtrisé. Nice ne veut plus être une ville "consommée", mais une ville "habitée". Le maire affirme vouloir protéger l’identité des quartiers, maintenir une population locale active et lutter contre la désertification urbaine provoquée par les résidences secondaires et les meublés de tourisme.
🎯 À retenir
Nice est la 2e ville de France la plus touchée par le phénomène Airbnb.
Objectif de la mairie : réduire de 50 % les locations de courte durée.
Une série de mesures restrictives est déjà en place et va s’amplifier.
La plateforme Airbnb, bien qu’ouverte à la discussion, défend ses intérêts économiques.
💬 Et vous, que pensez-vous de cette offensive contre Airbnb ? Trop sévère ou nécessaire ?
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