Nice, Marseille, Paris : ces immeubles en péril, une bombe à retardement ?
- Jean-Christophe DIMINO
- 21 avr.
- 3 min de lecture

À Nice, le16 rue Emmanuel Philibert, dans le quartier du Port, a été récemment évacué en urgence. Devant le portail scellé, une affichette signée par la Ville de Nice ordonne la mise en sécurité immédiate, pointant un danger imminent pour les occupants. Un nouvel épisode qui s’ajoute à la longue liste d’immeubles anciens fragilisés en France, mettant en lumière une réalité inquiétante : le vieillissement du parc immobilier urbain et les risques majeurs qu’il représente.
Un parc immobilier vieillissant… et dangereux
En France, près de 10 millions de logements ont été construits avant 1949. Ces bâtiments, bien souvent charmants et patrimoniaux, sont aussi parmi les plus à risque. Faute d’entretien, ou à cause de rénovations inappropriées, les structures se fragilisent, provoquant parfois des drames.
Le cas le plus tragique reste celui de Marseille, en novembre 2018, où l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne a causé la mort de huit personnes. Depuis, d’autres effondrements ont eu lieu, révélant une situation loin d’être isolée.
Quels sont les risques ?
Les dangers sont multiples :
Effondrement de planchers ou de façades
Infiltrations d’eau fragilisant les fondations
Présence d’amiante, de plomb, de moisissures
Défaut d’électricité ou de gaz, causant des risques d’incendie ou d’explosion
Ces pathologies du bâti ne sont pas toujours visibles à l’œil nu, et les occupants peuvent vivre dans un danger latent pendant de longues années.
La législation locale et ses arrêtés
Face à ces risques, la loi prévoit plusieurs dispositifs :
Le “péril imminent” : un arrêté municipal permet l’évacuation immédiate et impose au propriétaire de faire les travaux nécessaires.
Le “péril ordinaire” : procédure plus longue, mais qui oblige à la remise en état sous peine de sanctions.
Le DPE et diagnostics techniques : obligatoires lors des ventes ou locations sont utiles, mais insuffisants pour détecter des dangers structurels.
Cependant, ces procédures prennent souvent du temps, et les responsabilités sont parfois diluées entre propriétaires, syndics, et autorités locales.

Nice : le cas emblématique d’une vigilance accrue
La Ville de Nice, comme d’autres communes du Sud, est particulièrement concernée par la cohabitation entre bâtiments anciens, humidité, et épisodes climatiques extrêmes. L’immeuble du 16 rue Emmanuel Philibert n’est qu’un exemple : une façade typiquement niçoise, de jolies persiennes pastel… et derrière, des murs peut-être trop fatigués pour continuer à tenir. En cause, d'inquiétantes fissures pas forcément visibles depuis la façade.
En réponse, la municipalité renforce ses opérations de contrôle et de sécurisation, souvent en lien avec les copropriétés, mais les budgets sont serrés et les situations d’urgence trop fréquentes.
Quelles solutions ?
La prévention dans ce domaine passera par ces 4 points:
Un meilleur contrôle régulier du bâti ancien
Une incitation à la rénovation encadrée dans les règles de l'art
Des aides financières pour les copropriétés fragiles
Une base de données locale voire nationale sur les immeubles à risques
L’évacuation récente dans le quartier du Port de Nice nous rappelle que le patrimoine architectural peut aussi être un danger s’il est laissé sans surveillance. Derrière les façades défraichies et des volets colorés, se cachent parfois des bâtiments au bord de la rupture. Il est temps de repenser notre rapport au bâti ancien, non pas comme un fardeau, mais comme un héritage à entretenir, pour qu’il continue à exister en toute sécurité.
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